Actualité Lupus Living Lab : 1ère partie terminée !

Laurent Chiche   22 janvier 2018

L’objectif du projet Lupus Living Lab est de déterminer les paramètres annonciateurs des poussées lupiques via une prise en charge innovante, mariant l'environnement et le ressenti patient (notamment par l’utilisation d’objets connectés et du smartphone) à des examens de biologie innovants.


La première partie du projet Lupus Living Lab 1 (3L1), a été initié et terminée avec succès en 2017. Il s’agissait de mettre en place, à l’aide d’un premier groupe de patients, les différentes pièces du puzzle (Figure 1) nécessaires au lancement de la deuxième partie : le test en conditions réelles des dispositifs imaginés pour identifier de nouveaux biomarqueurs de la maladie lupique et ainsi faciliter la prise en charge de la maladie et l’adaptation des traitements et du suivi.



Figure 1


1/ Une plateforme informatique sécurisée dédiée aux patients lupiques



Photo : Lupus Living Lab, Hôpital Européen, 30 mai 2017


Il ne s’agissait pas de recréer un simple carnet de bord médical informatisé, mais bien une plateforme de recueil de données et d’échange que le patient pourra utiliser au cours de l’étude pour notifier à la fois des événements cliniques ou environnementaux et son ressenti sur l’activité de sa maladie. L’application devait satisfaire à des normes de sécurisation des données du patient et surtout, être pensée « pour les patients » pour en favoriser l’utilisation dans la « vraie vie ». Ce sont donc les patients qui ont été sollicités en amont pour la co-construction de cette application. Un groupe de 8 patients, de tout âge et sexe et d’horizons socio-culturels variés, ont été volontaires pour co-animer des ateliers (Photo) avec l’équipe scientifique et informatique. Cette plateforme devra permettre aux patients de communiquer certaines données concernant leurs symptômes au cours de l’étude.


2/ Des paramètres biologiques innovants collectés par le patient lui-même



Figure 2 : illustration du protocole d’utilisation des auto-prélèvements


La quantification de certaines molécules de l’inflammation très particulières au Lupus a déjà été étudiée par plusieurs équipes dont la notre (1,2), mais selon une méthodologie de laboratoire de recherche lourde (impossibilité du rendu de résultats suffisamment rapide, nécessité pour le patient de se rendre dans le centre de recherche, coûts trop élevés). L’objectif ici est de valider la possibilité technique de réaliser ces mêmes tests innovants grâce à un prélèvement de seulement quelques gouttes de sang au bout d’un doigt. L’équipe du laboratoire aidée de notre infirmière d’éducation thérapeutique a testé plusieurs dispositifs d’auto-prélèvement pour en sélectionner un qui permette une collecte de qualité y compris par des patients qui seront potentiellement en poussée articulaire, donc gênés pour des mouvements fins (Figure 2). Après une courte « formation », ce prélèvement devrait pouvoir être réalisé par le patient lui-même à son domicile et acheminé par courrier au centre de recherche ou de soin.

L’autre aspect biologique consiste à déterminer la nature du microbiote (composition en micro-organismes de la flore intestinale) des patients au cours de l’étude. Concernant l’exploration du microbiote, 5 patients ont testés le protocole de prélèvement à l’aide de tubes dédiés inclus dans un kit de recueil. L’équipe d’Anne Plauzolles a validé une méthode de conservation pour permettre que le prélèvement soit réalisé à domicile.


3/ Collecte des paramètres environnementaux et objets connectés



Figure 3 : capteur UV (prototype)


S’il y a bien un paramètre environnemental important dans le Lupus, c’est la quantité d’UV auquel un patient est exposé. Pourtant, ce paramètre est impossible à évaluer correctement au niveau individuel. Grâce à un capteur d’UV conçu pour mesurer très précisément les UVA et les UVB, nous allons pouvoir équiper les patients au cours de l’étude et collecter cette donnée importante. Une première cohorte de 10 patients a testé pendant 1 mois la faisabilité du monitoring des UV en utilisant le prototype développé par Emmanuel Dumont et son équipe (Figure 3).


4/ Collecte des données cliniques et des échantillons biologiques

Comme toute recherche, le recueil de toutes ces données se fait dans un cadre règlementaire permettant d’assurer la confidentialité mais aussi la qualité et la traçabilité des données cliniques recueillies lors des visites médicales et lors de prélèvements biologiques. Cette démarche est facilitée par la disponibilité de nos attachés de recherche clinique et par l’accès à notre CRB (Centre de Ressource Biologique) qui accueille la collecte « Lupus » de cette étude. Les modifications récentes (2017) de la loi Jardé nous impose désormais de déposer le projet devant le CPP même s’il s’appuie sur une collection biologique déclarée de notre CRB. Ce dossier est en attente de validation pour pouvoir lancer la phase de test à proprement parlé de tout le dispositif dès début 2018 !


2018 : Testez le dispositif 3L1 et aidez nous à faire avancer la recherche!

Grâce à l’enthousiasme et à l’expertise des patients lupiques qui ont permis la mise en place des différentes facettes du Lupus Living Lab, et que nous remercions vivement, le projet va pouvoir passer dans sa seconde phase au début 2018. Nous allons avoir besoin de 30 patient(e)s ayant un lupus stable (c’est-à-dire en dehors d’une poussée de la maladie) qui vont tester le dispositif pendant une période de quelques mois.


Nous remercions également les différents membres de l’équipe qui ont la responsabilité scientifique et/ou technique des différents aspects du dispositif : Application informatique : Hervé Servy et Jordan Delisle (Sanoia) ; Laboratoire Européen : Claire Camus (PCR) et Anne Pauzolles (microbiote), Dorothée Balma (IDE éducation thérapeutique) ; Objets connectés : Myriam Bennani (ARC), Emmanuel Dumont (Shade) ; CRB : Wahiba Bidaut et Chama Salmi (Responsables du département de recherche clinique et du CRB).

Et bien sûr un immense merci à tous les contributeurs, et en particulier à l’association Lupus France et à ses adhérents, dont la contribution a participé de manière décisive au financement de ce projet lors de la campagne participative menée sur Thellie !


Références

(1) Chiche L, Jourde-Chiche N, Whalen E, Presnell S, Gersuk V, Dang K, Anguiano E, Quinn C, Burtey S, Berland Y, Kaplanski G, Harle JR, Pascual V, Chaussabel D. Modular transcriptional repertoire analyses of adults with systemic lupus erythematosus reveal distinct type I and type II interferon signatures. Arthritis Rheumatol. 2014 Jun;66(6):1583–95.

(2) Jourde-Chiche N, Whalen E, Gondouin B, Speake C, Gersuk V, Dussol B, Burtey S, Pascual V, Chaussabel D, Chiche L. Modular transcriptional repertoire analyses identify a blood neutrophil signature as a candidate biomarker for lupus nephritis. Rheumatology (Oxford). 2017 Mar 1;56(3):477–487.

Un laboratoire « embarqué » par les patients pour élucider les variations moléculaires du Lupus dans leurs conditions de vie réelle

Laurent Chiche vous remercie pour votre soutien. 45 000 € ont été collectés grace à vos dons.